Vrai/Faux sur les fausses couches

Dernière mise à jour 09/03/22 | Vrai/Faux
PS_vrai_faux_fausse_couche
C’est un sujet tabou dans notre société, pourtant, les fausses couches concernent une grossesse sur cinq. De nombreuses idées reçues circulent encore sur les causes de ce phénomène. Démêlons le vrai du faux avec Isabelle Streuli, médecin adjointe agrégée responsable de l'Unité de médecine de la reproduction et endocrinologie gynécologique aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Ma mère a fait plusieurs fausses couches, je suis donc plus susceptible d’en faire aussi

Parfois vrai. Certains problèmes génétiques héréditaires peuvent prédisposer à un risque de fausse couche. Ils sont recherchés lors des bilans réalisés chez la femme en cas de fausses couches répétées.

Plus je vieillis, plus mon risque de faire une fausse couche augmente

Vrai. L’âge est corrélé au risque de perte de grossesse. De 10% avant l’âge de 30 ans, ce risque dépasse 50% chez les femmes de plus de 40 ans, pour atteindre 90% après 45 ans. Depuis quelques années, l’âge moyen des femmes au moment de leur première grossesse augmentant, on observe un plus fort taux de fausses couches dans la société.

Il est difficile d’identifier la cause d’une fausse couche

Vrai. Dans la majorité des cas, la fausse couche est due à une anomalie génétique de l’embryon: on parle d’embryon «aneuploïde», c’est-à-dire qui possède un nombre de chromosomes anormal. Mais de nombreuses autres causes peuvent en être à l’origine. Dans certains cas, elles ne sont pas identifiées.

J’ai déjà fait une fausse couche, je suis plus susceptible d’en faire d’autres

Faux. Si le risque de faire une fausse couche est élevé, la succession de deux ou trois fausses couches ne concerne que 2 à 5% des femmes. Et seulement 1% en feront plus de trois. Les fausses couches répétées sont donc un événement rare, influencé par différents facteurs, comme l’âge, le surpoids, l’hygiène de vie, un défaut chromosomique, endocrinien ou encore immunologique. «En cas de première fausse couche, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, explique Isabelle Streuli. À partir de deux, on conseille de consulter un médecin qui pratiquera un bilan médical et évaluera l’hygiène de vie, pour identifier des causes traitables ou modifiables.»

Je fais beaucoup de sport, cela peut provoquer une fausse couche

Faux. Des données assez claires montrent qu’il n’y a pas d’augmentation des fausses couches en cas d’activité physique, ni de rapport sexuel.

L’alcool peut augmenter le risque de fausse couche

Vrai. Des études suggèrent en effet qu’une consommation d’alcool importante est associée à un plus grand risque. C’est le cas également pour le tabagisme, y compris passif. Il est donc conseillé de cesser, ou diminuer si l’arrêt n’est pas envisageable, sa consommation d’alcool et de tabac dès le début de la grossesse.

Une forte consommation de café n’a aucun effet sur la grossesse

Faux. Plusieurs études scientifiques mettent en avant une corrélation entre une forte consommation de café (plus de trois tasses par jour) et un risque de fausse couche ou de mortinatalité (enfant mort-né). Mais le consensus scientifique n’est pas formel pour les moindres consommations. L’Organisation mondiale de la santé, dans ses recommandations nutritionnelles aux femmes enceintes, conseille cependant à celles dont la prise quotidienne de caféine est importante, «une diminution de cette prise pour réduire le risque d’arrêt de grossesse et de faible poids de l’enfant à la naissance».

Je souffre d’obésité, cela peut nuire à ma grossesse

Vrai. L’obésité maternelle (IMC* > 30) multiplie par 2 à 3 le risque de fausse couche. Elle diminue en outre les chances de concevoir. Cela est dû à un déséquilibre des fonctions hormonales neuroendocriniennes et ovariennes qui serait à l’origine de troubles du cycle menstruel.

J’ai un travail pénible, cela peut avoir un impact sur ma grossesse

Vrai. Certaines données montrent que le travail de nuit, la surcharge horaire (plus de 55 heures par semaine) ou le fait de porter des charges lourdes (plus de 11 kg) auraient un léger impact sur le risque de fausse couche. Quant au stress, le consensus scientifique n’est pas établi. De récentes études tendent à montrer qu’un fort niveau de stress psychologique, avant et pendant la grossesse, serait associé à un risque de fausse couche, mais des recherches doivent être menées pour confirmer la relation.

Être infectée par le Covid-19 augmente le risque de fausse couche

Peut-être vrai. S’il est encore difficile d’affirmer avec certitude quel impact le virus a sur la grossesse, il semblerait qu’une infection chez la future mère puisse augmenter le risque de perte de grossesse et d’accouchement prématuré. Récemment identifié, le «Covid placentaire foudroyant» est un phénomène rare (environ 1% des femmes enceintes infectées par le Covid-19) mais dangereux, car il peut entraîner la mort du fœtus in utero. Par mesure de précaution, mais aussi parce qu’elles sont une population à risque de faire une forme grave de la maladie, il est fortement recommandé aux femmes enceintes de se vacciner contre le SARS-CoV-2. Le vaccin, lui, n'entraîne pas de «risque accru de complications pendant la grossesse», a récemment rassuré l'Agence européenne des médicaments.

Après une fausse couche, il est conseillé de rapidement retomber enceinte

Faux. «Il n’y a aucune injonction dans ces cas-là, rassure Isabelle Streuli. Cela dépend des envies et du parcours de chaque couple.» D’un point de vue médical, il est conseillé d’attendre au moins un cycle après une fausse couche avant d’essayer d’entamer une nouvelle grossesse.

______

* Calcul de l’indice de masse corporelle (IMC): IMC = poids (kg)/taille (cm)2

Paru dans Planète Santé magazine N° 44 – Mars 2022

Articles sur le meme sujet
LMD_conge_fausse_couche

Bientôt un congé en cas de fausse couche?

Suite à la demande de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des États (CSSS-E), le Conseil fédéral pourrait envisager l’instauration d’un congé payé en cas de fausse couche. Une initiative inédite pour un tabou qui demeure.
LMD_enceinte_covid_risques

Enceinte à l'ère du Covid: quels sont les risques?

Les répercussions d’une infection au SARS-CoV-2 sur la grossesse et le fœtus font encore l’objet d’études en Suisse et à travers le monde. Sur la base des premiers éléments disponibles, les recommandations et le suivi médical ont été adaptés à cette situation inédite, qui peut s’avérer anxiogène pour certaines futures mamans. Grossesse, accouchement, premiers jours avec bébé… les réponses à vos questions.
Puls_devenir_etre_papa

Devenir et être papa: parlons-en!

La Maternité des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) propose aux futurs pères des moments d’échange en groupe, encadrés par un spécialiste de la paternité et un homme sage-femme, afin de les aider à bien vivre leur expérience de la paternité avant, pendant et après l’accouchement.
Videos sur le meme sujet

Maladies neuro-inflammatoires et grossesse

Rencontre avec Caroline Pot, une spécialiste des maladies neuro-inflammatoires

Quand la grossesse modifie le cerveau et lʹodorat des futures mères

Selon une étude menée par lʹUniversité de Bâle, le cerveau des futures mères, en tout cas chez les souris, subit un remodelage des nerfs (création de nouveaux nerfs) liés à lʹolfaction pendant la grossesse.

Une nouvelle méthode permet de faire un test de paternité à 7 semaines de grossesse

Il est aujourdʹhui possible de réaliser un test de paternité en début de grossesse, alors que lʹembryon nʹa que 7 semaines, soit un retard de règles de 2 à 3 semaines.